Stylistiquement, le code est là: une baignoire à roulettes 2 places, avec les roues avant désolidarisées de la carrosserie, pas de portes (il en existe en secours), pas de toit et 2 yeux d’escargot en guise de phares. En revanche, cette Sport Turbo se distingue de ses cousines Caterham par un aspect plus cossu. Rondeurs des prises d’air capot jusqu’à la partie arrière, entrée d’air latérale (qui me fait d’ailleurs penser à celle du capot moteur de la Mercedes SLR Stirling Moss), support de phares, feux à diodes, 3eme feux de stop, énorme sortie latérale… L’intérieur suit cette voie vers la modernisation avec une console centrale regroupant compteurs et commandes de ventilation, des comodos de part et d’autre du volant comme sur toute voiture civilisée, boite à gant (et une 2eme qui s’appelle officiellement coffre). Avec cette énumération d’équipements, Colin Chapman doit se retourner dans sa tombe en pensant au poids. Loin de là, avec une masse totale de…650kg. Accouplé au moteur 1.6l VXR 192ch de l’Opel Corsa OPC, la Westfield accuse un rapport poids puissance de 3.38kg/ch. Celle de notre essai culmine à 204ch par pack d'optimisation, soit un rapport qui tombe à 3.18kg/ch! Le temps de s’en remettre et de faire un classement, qui la place entre une Spyker C8 LM85 et une Pagani Zonda. De gros bras!

La position de conduite au ras du sol dans ces sièges relativement confortables et le long capot devant soi, terminé par 2 coques de phares noires (chromées sur demande) permettent de s’immerger avant même de rouler. De plus, la vue directe sur les roues permet de placer ces dernières au millimètre près dans les courbes. Démarrage ! Un bruit rauque s’échappe mais rien de très « moto 4 roues » ! En revanche, dès que le rythme s’accélère (de l’auto en même temps que celui du cœur), un impressionnant bruit de soufflerie envahi les alentours. Les montées en régimes sont extrêmement rapides et on se retrouve facilement au rupteur. Le vent s'engouffre dans ce pseudo-habitacle, les bruits d'air se mélangent à ceux du moteur et du turbo. Ici, l'accélérateur fait office de commande de volume (et de "climatisation"). On débraye, on tire fortement la commande de la boite courte d’origine Ford, on embraye, et ca repart pour la même chose, et ainsi de suite jusqu’en 5eme. Ce moteur turbo, associé à une telle masse, en est impressionnant. Plus ca pousse et ….plus ca pousse! Cela dit, ce 1.6l turbo dispose d’une courbe de puissance intéressante : 27.1m/kg de 1980tr/min à 5800tr/min et 192ch à 5850tr/min, soit juste après la baisse de couple. La souplesse est bien présente dès les plus bas régimes et quand le turbo se réveille c’est l’explosion. Attention toutefois à cet effet sur route mouillée, qui plus est avec des semi-slicks. Mais comme tout moteur turbo qui délivre un tel « coup de pied », à des régimes inférieurs il y a ce sentiment de creux, résultant d’un contraste entres les 2 visages de cette mécanique. C’est pour cela que Belecon propose, uniquement pour la piste (ah, les normes !), des améliorations afin d’adoucir cet effet turbo et donc d'homogénéiser l'ensemble…Histoire de goût. Pour ma part j’opterais pour la configuration d’origine, rageuse à souhait.

En termes de comportement, la Westfield excelle. Son poids extrêmement contenu et sa carrure, qui lui fait bénéficier d’un centre de gravité au plus bas, lui permettent de virer à plat d’une courbe à l’autre, à vive allure et avec aisance. Le tout avec un excellent sentiment de sécurité conféré par un châssis bien conçu, des suspensions réglables et des Toyo R888. Les trajectoires se rattrapent même en appui grâce à une direction vive mais un peu lourde. Sans doute la perte d’habitude de la non-assistance de celle-ci qui m’emmène à rendre ce constat ! De même pour le freinage avec un toucher particulier, mais avec une efficacité certaine. En parlant de non-assistance, j’oubliais de dire que la Westfield veut perpétuer le fil conducteur « pas de compromis » de ce type de voiture, ce qui emmène donc à pas de direction assistée, pas d’ABS, pas d’ESP, pas de climatisation (quoique sans les portes, l’accélérateur la remplace aisément). Une voiture brute, mais pas de brute, puisque en conduite douce (très difficile de s’y tenir, croyez-moi), même les plus novices peuvent la menner malgré la direction et cette commande de boite très ferme, qui doit être un calvaire en ville, au cas où vous y mettriez les roues plutôt que d’aller en ballade à la montagne ou en campagne.

Pour conclure, cette Westfield reste dans la lignée des Seven et du charme anglais. Sa modernité lui permet de devenir plus accessible, plus confortable et moins « on/off » que les Caterham. La voiture plaisir par excellence, où l’on peut rouler calmement au couple, en sentant les effluves de la nature, ou cravacher la boite en inhalant la gomme sur circuit. Pour la question du prix, alors que ses concurrentes anglaises à puissances équivalentes, s’offrent à partir des 50 000€, la Westfield Sport Turbo débute à 37 000€ sans options, soit 9700€ le kg/ch. Avec ce prix et un 0-100 km/h en 4.5sec la petite anglaise n’a pas de concurrence. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, la Sport Turbo dispose de l’homologation européenne dite "petite série" depuis Juin 2009 et imatriculable en France depuis Août 2009 (chose relativement incroyable dans notre beau pays autophobe). Le marché européen est donc ouvert sans problèmes à l'importation. Pour en rajouter une couche sur cette firme et extraordinaire voiture, vous pouvez la faire entretenir chez n’importe quel garage Opel ou même chez votre garagiste habituel. Alors, accros?